Le milieu allemand Toni Kroos face aux Portugais Danilo Pereira et Diogo Jota lors du match entre le Portugal et l'Allemagne à l'Allianz Arena à Munich en Allemagne le 19 juin 2021.

Le Portugal de Fernando Santos et Cristiano Ronaldo, battu par la Belgique dimanche (1-0), a été détrôné sans gloire avec une élimination dès les huitièmes de finale de l'Euro venue mettre à nu les limites d'une stratégie frileuse reposant sur les exploits d'un seul joueur.

"Du champion d'Europe, il ne reste plus qu'un beau souvenir", écrit lundi en Une le quotidien sportif A Bola.

Mais la nostalgie de l'Euro-2016 a vite laissé place aux regrets du journaliste envoyé à Séville: "Comme souvent ces derniers temps, le Portugal a donné l'impression d'avoir les arguments pour jouer de façon plus affirmative, percutante et audacieuse, mais a préféré la prudence."

Fernando Santos et ses joueurs ont eu beau considérer leur défaite "injuste", le journal rappelait que "la Belgique a été ce que le Portugal avait été en 2016: rusée, solide et spéculative".

Même son de cloche chez son concurrent Record, dont le directeur Bernardo Ribeiro se dit "très reconnaissant" envers Fernando Santos pour les victoires du passé, mais avoue sa "tristesse" de voir le Portugal jouer un football "étroit d'esprit".

"J'en ai marre que le Portugal ait peur d'être le meilleur (...) Merci Fernando, mais ça suffit", a-t-il conclu dans son éditorial, même si le coach de 66 ans, sous contrat jusqu'à l'Euro-2024, ne déplore que six défaites en 60 rencontres.

Pour le commentateur Antonio Tadeia, "le plus grand échec de la sélection portugaise à l'Euro a été de quitter le tournoi sans parvenir à bâtir une idée de jeu qui aurait fait de la place au talent d'André Silva, Bruno Fernandes, Joao Felix ou Bernardo Silva".

"La recette de 2016 servait parfaitement les joueurs de l'époque, mais pas ceux-là", a-t-il analysé sur son blog.

- Bafouillements -

Cristiano Ronaldo a en effet marqué cinq des sept buts de la Seleçao pour allonger la liste de records qui en font un joueur de légende mais, derrière le quintuple Ballon d'Or, aucun des joueurs qui promettent d'assurer sa relève n'a pu sortir de son ombre pendant ce tournoi.

Et, alors que la solidité défensive était un élément crucial de la stratégie de Santos, l'expérience de Pepe et le sang neuf apporté par Ruben Dias en charnière centrale n'ont pas évité au Portugal de prendre sept buts en quatre matches, son plus mauvais bilan pour un Euro.

Mais c'est au milieu de terrain que les bafouillements du Portugal et de son sélectionneur ont été les plus évidents.

Après avoir débuté le tournoi avec un double pivot défensif formé par Danilo Pereira et William Carvalho, censé donner plus de liberté au meneur Bruno Fernandes et aux latéraux mais totalement dépassé lors de la correction infligée par l'Allemagne (4-2), Santos a cédé aux critiques pour revenir à un schéma tactique en 4-3-3.

Au cœur de ce système, l'entraîneur a aligné un trio composé par le fougueux Renato Sanches et le vétéran Joao Moutinho, deux des onze hommes qui avaient participé au sacre de 2016, et Joao Palhinha, qui a connu dimanche sa première titularisation, de même que le latéral Diogo Dalot.

Il y a cinq ans, Santos avait été le premier à croire aux chances du Portugal de réaliser un exploit. L'élimination du Mondial-2018, également en huitièmes de finale, et maintenant celle de dimanche rappellent qu'il ne suffit pas d'y croire.

A méditer avant le Mondial-2022 au Qatar qui pourrait être le dernier grand rendez-vous de Ronaldo (36 ans): "Nous reviendrons plus forts", a-t-il promis lundi sur les réseaux sociaux.