Sifflé pour la première fois le week-end dernier, Elye Wahi peine à justifier en Ligue 1 le montant record déboursé par Lens pour le faire venir, et c'est toute l'attaque du club qui en pâtit avant de recevoir le Paris Saint-Germain dimanche (20h45).

Loin de l'acclamation unanime reçue lors de sa présentation à Bollaert l'été dernier, Elye Wahi a subi ses premières huées dans le même stade dimanche dernier lors du 32e de finale de Coupe de France perdu par les Sang et Or aux tirs au but. Ces sifflets ont témoigné de l'impatience, peut-être aussi de l'incompréhension des supporters du club face aux performances moyennes d'un joueur recruté à prix d'or.

Pour Wahi, sa vitesse, sa technique et son potentiel (21 ans), le club de l'Artois a dépensé 30 millions d'euros et cinq de bonus, somme qu'il n'avait jusque-là jamais payée pour un transfert. Mais à l'entracte de la saison 2023-2024, l'ancien Montpelliérain n'a inscrit que deux buts en treize matches de Ligue 1.

Dans le sillage du buteur attitré de Lens, le club n'a marqué qu'à 21 reprises malgré sa septième place (26 points), moitié moins que le Paris Saint-Germain (quarante points), qui occupe la tête du classement.

"Loïs Openda aussi était jeune"

Certes, Elye Wahi a aussi inscrit deux buts en Ligue des champions qui pèsent lourd à l'heure d'un premier bilan, puisqu'ils ont offert à Lens un exploit contre Arsenal (2-1) et un match nul face au PSV Eindhoven (1-1).

Son entraîneur Franck Haise réclame du temps. "C'est un jeune joueur qui progresse mais qui doit encore progresser dans un nouvel environnement, de nouvelles attentes et un statut différent, nuance-t-il. Le montant du transfert, il m'importe peu. Ce qui compte, c'est ce que je sens du potentiel du joueur, (...) comment il progresse."

Avant d'ajouter: "Loïs Openda aussi était un jeune joueur." Pour l'heure, Wahi souffre de la comparaison avec son prédécesseur, buteur à 21 reprises en championnat la saison dernière avant de s'envoler pour Leipzig.

"Loïs, l'an passé, n'avait pas été à 100% dès le départ, rappelle Franck Haise. Même s'il avait marqué assez rapidement, il y avait eu des mois de travail. Loïs avait fini en boulet de canon et j'espère qu'Elye aussi et surtout qu'il vivra une grande et belle carrière parce qu'il en a toutes les qualités."

Trop souvent hors-jeu

Autant que son manque d'efficacité encore visible contre Monaco, Wahi agace par son incapacité à prendre la profondeur, qualité pourtant vantée par le club du bassin minier à son arrivée.

Parmi les 59 hors-jeu sifflés contre les Lensois toutes compétitions confondues cette saison, 25 l'ont été pour le natif de Courcouronnes. Cette statistique fait tache quand on sait que le club artésien fonde une partie de son jeu sur la récupération haute du ballon, suivie d'une passe en profondeur.

Là-encore, Franck Haise défend son attaquant, arguant que c'est "parfois le passeur qui est fautif parce qu'il tarde un peu, parfois le receveur parce qu'il anticipe trop". Mais le Normand concède: "Il y a des hors-jeux sur des problèmes de replacement. C'est au joueur de faire l'effort de revenir parfois un peu plus vite à proximité de la ligne de défense pour être de nouveau en capacité d'attaquer la profondeur si on récupère le ballon. (...) On a mis le doigt dessus depuis un moment déjà."

Le remplaçant de l'international Espoirs à ce poste, Wesley Saïd (28 ans), ne semble pas encore en mesure d'inverser la hiérarchie malgré ses statistiques légèrement meilleures (quatre buts en onze rencontres).

"C'est normal qu'il y ait de l'attente autour de lui (Wahi, NDLR), concède le capitaine Brice Samba. C'est un garçon, dans le vestiaire, qui est très épanoui. On n'a aucun doute sur le potentiel qu'il a. C'est pas facile, c'est un attaquant, on attend tout de suite qu'il marque des buts, et je sais que ça viendra rapidement."

Nul doute qu'un but contre le PSG dimanche le réconciliera tout de suite avec le public de Bollaert.