Recrues décevantes, effectif rajeuni, jeu brouillon, classement inquiétant... Le Strasbourg version BlueCo, 15e de Ligue 1, n'a guère convaincu jusqu'ici, et la réception de Marseille lors de la 13e journée, samedi dans un stade de la Meinau encore conciliant, n'invite pas à l'optimisme.

Pour l'instant il n'y a que quelques sifflets, parfois des départs avant la fin du match, le mur bleu est toujours là, même après une infame prestation face à Nantes (défaite 2-1) ou un médiocre match nul (0-0) face au relégable Clermont. Mais la patience du public alsacien semble s'étioler.

"L'ambiance est différente cette année", note le latéral Frédéric Guilbert à propos des supporteurs. "Mais c'est à nous de les faire se lever du siège, et pas pour partir ! Il y a un début de fracture (avec le public), il va falloir faire attention et remettre tout dans le droit chemin."

"Il faut de la patience, mais on dirait que l'adversaire est à chaque fois meilleur à la Meinau. J'ai trouvé Clermont meilleur", confie à l'AFP Mickaël, 54 ans, un des rares amoureux du Racing à être venu braver les premiers grands froids à l'entraînement jeudi matin.

En Alsace, le président Marc Keller appelle à "faire confiance". Il peut s'asseoir sur un crédit conséquent, marqué par dix années de redressement spectaculaire, mais force est de constater que le début de la nouvelle ère alsacienne n'est pas des plus rassurants.

Pas au niveau

A commencer par le recrutement. Fort du rachat en juin par le consortium américain BlueCo et ses moyens importants, Strasbourg a dépensé 56 millions d'euros cet été, un montant inédit, énorme à l'échelle du club: 20 millions pour l'international ivoirien Abakar Sylla, 13 pour l'international Espoirs néerlandais Emanuel Emegha, 20 pour les Bordelais Dilane Bakwa et Junior Mwanga, et 3 pour le Stéphanois Saïdou Sow.

Aucun n'a brillé depuis: Emegha (1 but) peine à s'intégrer, le duo bordelais progresse mais cherche ses marques en L1, Sow n'a pas joué et le cas Sylla laisse perplexe. Titulaire puis relégué sur le banc après quatre matches, le plus gros achat de l'histoire du club ne rentre même plus dans la rotation.

Si la Meinau va certes connaître son 33e match à guichets fermés consécutif contre l'OM, l'ambiance n'est pas à la fête malgré l'ouverture du Marché de Noël: Strasbourg n'est pas au niveau de la L1 pour le moment, ses statistiques en attestent. Le Racing se crée très peu d'occasions, n'a pas encore marqué de but en première mi-temps et sa possession est très faible (39,98%).

Dans la tourmente, plusieurs cadres commencent à donner de la voix. "On ne va pas se cacher derrière le fait qu'on n'arrive pas à presser. On a du mal à être synchro", confie Lucas Perrin à l'AFP.

"Manque de maîtrise"

"Les orientations du club sont indépendantes de notre volonté. On respecte ce que le club entreprend. Je pense que c'est un bon projet. Nous, les anciens, on est concernés par cela. Après, tout le monde sait qu'il manque un peu d'expérience, de cadres pour tenir toute cette jeunesse", reprend Guilbert.

Un constat que partage l'entraîneur Patrick Vieira: "On manque de maîtrise, de possession, on doit jouer plus vite vers l'avant, et en phase défensive on doit être plus coordonné, plus agressif. Il y a beaucoup de choses à améliorer et cela ne sera fera pas du jour au lendemain", prévient le technicien.

Conscient des faiblesses de son équipe, le champion du monde 1998 appelle à faire le dos rond et demande de la "patience". "Est-ce que la situation est catastrophique ? Loin de là", tente-t-il de se rassurer.

Cependant, le temps presse: même avec un match de plus à jouer, le Racing est 15e, un point seulement devant le barragiste Lorient, et n'a plus gagné la sixième journée et son succès heureux 1-0 à Metz le 24 septembre.