Recrue phare du mercato estival du Stade rennais, l'expérimenté milieu serbe Nemanja Matic s'impose sans bruit comme une pierre angulaire des Rouge et noir, qui reçoivent le Paris Saint-Germain dimanche (20h45) au Roazhon Park.

Dès l'annonce de son recrutement en août, les attentes étaient grandes en Bretagne autour du joueur de 35 ans, au CV aussi imposant que sa grande carcasse d'1m94: Chelsea, Manchester United, le Benfica Lisbonne, l'AS Rome... 

"Avant on le regardait à la télé, maintenant c'est notre coéquipier et il ne faut plus avoir des étoiles dans les yeux" témoignait en début de saison l'ancien Lorientais Enzo Le Fée, autre recrue estivale.

Rapidement propulsé titulaire dans le milieu de terrain rennais, Matic n'a pourtant pas immédiatement donné la pleine mesure de son talent, dans une équipe tâtonnante, qui a enchaîné cinq nuls successifs contre Lens, Le Havre, Brest, Lille puis Montpellier.

Les différents joueurs associés dans l'entrejeu rennais - Désiré Doué, Benjamin Bourigeaud, Le Fée... - ont parfois semblé hésiter à trouver leurs marques aux côtés de l'international serbe (48 sélections), qui aimante les ballons.

Le profil de Matic, pas le joueur le plus rapide sur le terrain, a même pu interroger sur son adéquation avec une équipe plus réputée pour ses enflammades offensives que pour sa gestion des temps faibles.

Réguler le jeu rennais

"J'ai assez d'expérience, lors de ma carrière j'ai joué dans tous les systèmes, je m'adapterai à n'importe lequel", avait balayé le grand Serbe avant le derby contre Nantes en réponse aux questions sur son poste de prédilection.

"Je n'ai jamais eu une équipe aussi jeune, avec des joueurs de 19, 20 ans", a rappelé Matic, conscient de ce qu'on attend de lui. "Je suis juste un joueur dans l'équipe, mais avec mon expérience je peux les aider", expliquait-il, avant d'assurer qu'il pouvait "faire bien mieux" que son niveau actuel.

"Nema" n'a pas tardé à tenir parole. Le week-end dernier, dans un match électrique face au voisin nantais, lui qui a disputé de nombreux derbies lors de ses passages à Londres, Lisbonne ou Rome a réalisé une prestation pleine d'autorité.

Le regard haut, la tête froide et le pas tranquille, Matic a délivré tout au long de la rencontre des passes précises, dont une ouverture limpide à l'origine d'un but, calmant ou accélérant le jeu à sa guise, véritable tour de contrôle devant la défense rennaise.

"Il gère les tempos, ce qui était un peu difficile pour mon équipe par le passé, qui est très jeune, qui veut toujours aller vite. Lui il est capable de mettre le pied sur le ballon quand il faut", a salué après la rencontre son entraîneur Bruno Genesio, admiratif de sa "maîtrise technique".

Le patron d'une jeune équipe

Matic s'affirme également en patron, malgré la barrière de la langue. Capable de rabrouer l'autre vétéran rennais Steve Mandanda pour une relance peu judicieuse ayant coûté un but, occupé à discuter avec les jeunes frères Doué après le match, Matic rassure et guide un groupe encore tendre. 

Ou énerve ses adversaires, avec un vice soigneusement dosé et pas étranger à l'agacement des Nantais qui ont perdu le fil de la rencontre, finalement remportée 3-1 par Rennes.

"C'est bien d'avoir des joueurs de caractère. Steve en fait partie, +Nema+ en fait partie", s'est réjoui Genesio. "Ce sont des joueurs qui sont habitués au très haut niveau, à la très forte pression. Ils savent ce que c'est que la culture de la gagne." 

Autant de qualités qui ont cruellement fait défaut au Stade rennais sur la pelouse de Villarreal (défaite 1-0 jeudi), où Matic n'est rentré en jeu que tardivement, et dont auront besoin les Rouge et noir pour affronter les stars du PSG, désireuses de se racheter après la déroute à Newcastle (4-1) en Ligue des champions mercredi.