Plus habitué à lutter pour le maintien dans les tréfonds du classement qu'à se retrouver dans ses sommets, Brest, dauphin surprise de Monaco après cinq journées, ne veut pas se laisser griser avant de recevoir Lyon samedi (21h00).

"J'essaye d'être un peu le garde-fou", a expliqué jeudi Eric Roy, à la tête de l'équipe brestoise depuis janvier pour une mission commando réussie avec un maintien à la clé. "C'est valorisant d'avoir des félicitations, des encouragements, mais il ne faut pas que ça nous fasse baisser notre exigence", prévient-il.

A seulement un point de Monaco et de ses grands noms, le Stade brestois présente pourtant bien un bilan flatteur avec trois victoires et un nul pour une seule défaite, avec notamment un succès de prestige dès la première journée contre Lens, renversé 3-2 après avoir mené 2-0.

Conséquence de ce bon début de saison, le match contre Lyon est bien un choc des extrêmes, mais ce n'est pas celui auquel on s'attendait face à un OL en pleine reconstruction après une crise sportive et de gouvernance, et qui pointe à la 16e place du championnat avec seulement deux points.

"Ce n'était pas écrit, surtout quand on a vu le calendrier", se remémore le technicien breton. "Si ça tourne mal sur le match de Lens… Tout est fragile."

Un effectif resté stable

Fragile, cette équipe brestoise ne le semble pourtant pas. Après ce premier succès face aux Sang et or, où elle s'est révoltée alors qu'elle aurait pu sombrer après 20 minutes infernales, elle a fait preuve de caractère en s'imposant au Havre 2-1 après avoir été rattrapée au score ou encore en allant chercher un succès 2-1 à Reims après avoir rapidement encaissé un but.

Une des raisons de cette solidité: un effectif resté globalement stable, alors que beaucoup d'équipes de Ligue 1 semblent encore tâtonner dans leurs systèmes de jeu comme dans leurs compositions. 

Hormis en attaque avec le départ d'une de leurs principales armes, l'ailier Franck Honorat parti au Borussia Mönchengladbach, les Brestois ont déjà des repères communs, y compris pour certaines recrues déjà passées par le club (Satriano, Locko...). Un rare aspect positif d'un mercato "à zéro euro" souvent évoqué par Roy.

Avec ses moyens limités et ses valeurs "d'humilité, de travail, de solidarité" selon les mots de Roy, Brest s'appuie aussi sur des joueurs expérimentés et revanchards: le gardien néerlandais Marco Bizot, 31 ans et régulièrement décisif dans ses cages ou le milieu Pierre Lees-Melou (30 ans), à l'énorme activité et capable de se muer en artificier comme lors de son but contre Reims.

Désireux de ne pas s'enflammer, les Brestois ont encore des progrès à faire dans la finition, leur manque d'efficacité leur ayant coûté cher à Marseille (défaite 2-0 malgré une belle prestation). Un manque qui aurait également pu peser lourd à Reims, où les visiteurs n'ont pas réussi à marquer en première période malgré la bagatelle de 22 centres.

Les attaquants bretons sont d'ailleurs pour l'instant restés muets ce début de saison, à l'image d'un Jérémy Le Douaron très actif mais malheureux devant le but. Pas de quoi inquiéter Brest, conscient de ses limites et que son temps en haut du classement est compté. "Si on n'avait pas de manques, on ne serait pas Brest, on serait Manchester City" préfère plaisanter Roy.