La réception de Nice, dauphin du Paris SG, en 16e de finale de la Coupe de France, va égayer l'espace d'un samedi le quotidien des Girondins, tristes 15es de L2 aux déboires multiples et inquiétants ces derniers temps. 

"C'est comme une finale", "un match bonus où on a tout à gagner et rien à perdre": la motivation est toute trouvée pour les Bordelais, encore en lice dans l'épreuve après avoir franchi deux tours aux tirs au but, contre Canet Roussillon et Sannois-Saint-Gratien (N3), et évité le piège (1-0) sur le terrain bourbier d'Angoulême (N2). 

"Si on a gagné trois matches de Coupe pour arriver là, ce n'est pas pour jeter celui de samedi à la poubelle", prévient Albert Riera, l'entraîneur espagnol qui a succédé il y a trois mois à David Guion et dont la greffe tarde à se concrétiser en termes de résultats.

C'est là que le bât blesse pour cette institution historique du foot français, qui a perdu de sa superbe depuis 2018 quand elle est passée sous pavillon américain (GACP puis King Street) puis entre les mains de l'homme d'affaires Gérard Lopez en 2021 (descente en L2 et pas de remontée au printemps dernier). 

L'épine Rodez

Le retour à l'anonymat sportif est une réalité même si la passion entourant le club au scapulaire, plus gros budget de Ligue 2 (42 M EUR), est restée intacte comme en attestent le soutien massif de ses supporters en déplacement ou la moyenne de spectateurs à domicile (24.235), première du championnat. 

"Notre meilleur joueur, ce sont nos supporters, toujours", a encore rappelé Riera jeudi. Une ferveur qui lui a pourtant joué des tours: outre les fermetures épisodiques du virage sud comme samedi contre les Aiglons pour usage de fumigènes, c'est surtout le match de Rodez du 2 juin dernier qui a marqué l'histoire. 

L'intrusion en bord de pelouse d'un Ultramarine, bousculant l'attaquant ruthénois Lucas Buades en pleine célébration de but, n'est pas près d'être oubliée. Match arrêté puis perdu sur tapis vert, et espoir de remontée envolé avec ses conséquences financières. 

Débarqué en sauveur pour échapper au dépôt de bilan en 2021, Lopez n'a pu éviter la descente dix mois plus tard en raison d'un mauvais choix d'entraîneur (Vladimir Petkovic), d'un recrutement raté et de conflits internes.

La jeunesse du groupe, articulée autour des révélations Junior Mwanga et Dilane Bakwa, du buteur nigérian Josh Maja, avait pourtant boosté l'équipe l'an dernier, la remontée devenant une obsession jusqu'à l'épisode Rodez, qui a plombé le Haillan. 

Mercato raté

L'été dernier est passé sans couperet de la DNCG grâce à un apport de 40 M EUR de Lopez pour couvrir les besoins du club, à une masse salariale divisée par trois, au quasi remboursement de la dette aux fonds d'investissement King Street et Fortress, et à la vente des meilleurs joueurs (Bakwa et Mwanga à Strasbourg pour 19 M EUR). Cela aurait dû relancer la dynamique.

Sauf que sur le terrain, la mayonnaise n'a pas pris. Cadres moins performants, erreurs de gardien dignes d'un bêtisier, recrutement annoncé clinquant qui vire au flop, directeur sportif vilipendé par des supporters qui demandent aussi au propriétaire d'être plus présent. 

Sans parler d'un déficit annoncé avoisinant les 10 M EUR, ni de l'arrivée d'un actionnaire minoritaire au capital, qui tarde et inquiète.

"On essaye de ne pas trop être impacté par ça, d'être focus sur nos performances car il y a déjà matière à faire", souligne le latéral Vital Nsimba. "Mais il faut qu'on prenne conscience qu'on est 15e (...) il faut qu'on joue comme une équipe qui est en danger."

Alors Nice, une éclaircie dans ce paysage ? "Les battre, ça aurait énormément de significations."