La qualification de l'équipe de France pour l'Euro-2024 porte clairement la signature de Didier Deschamps, qui participera en Allemagne à sa sixième phase finale d'affilée à la tête des Bleus, preuve d'une science du management et d'une permanence exceptionnelle au plus haut niveau.

"Il ne faut pas s'enflammer mais il faut apprécier et ne pas banaliser", a déclaré le sélectionneur à l'issue de la victoire des vice-champions du monde aux Pays-Bas (2-1), qui leur a offert vendredi un ticket pour le Championnat d'Europe (14 juin-14 juillet 2024).

Certes, une campagne qualificative réussie n'est pas forcément gage de succès lors du tournoi qui suit, mais la performance des Bleus est loin d'être anodine et témoigne de la capacité de leur patron à rebondir et à se renouveler sans cesse.

Prolongé jusqu'en 2026 après un Mondial-2022 au Qatar où il est passé tout près d'un exploit historique avec un 2e sacre d'affilée, Didier Deschamps, en poste depuis plus d'une décennie, n'a pas gambergé et a su rapidement remobiliser ses troupes dans l'optique de l'Euro. Le bilan est sans appel: six victoires en six rencontres, un seul but encaissé.

Confronté aux retraites internationales de plusieurs tauliers (le capitaine Hugo Lloris, Raphaël Varane, Karim Benzema, Steve Mandanda) et à l'éloignement progressif de ses deux patrons de l'entre-jeu Paul Pogba et Ngolo Kanté, le technicien de 54 ans a parfaitement puisé dans l'incroyable réservoir du football français pour maintenir son équipe au sommet. Une transition largement esquissée durant le mois passé au Qatar.

"Il fallait évidemment repartir après une énorme déception avec des joueurs qui ont arrêté et d'autres absences comme Paul (Pogba, ndlr) et NG (Ngolo Kanté, ndlr). Mais la plupart des joueurs étaient déjà avec nous durant la Coupe du monde. Ils ont grandi vite", a-t-il noté vendredi.

Faculté d'adaptation

C'est avec une nouvelle colonne vertébrale que les Bleus ont négocié ces qualifications à l'Euro (Maignan-Konaté-Tchouaméni-Mbappé).

La présence d'un crack de la dimension de Kylian Mbappé, promu capitaine après le départ de Lloris, constitue évidemment un atout considérable pour le sélectionneur. Mais encore fallait-il que l'attaquant du PSG digère son nouveau statut de leader de vestiaire. Avec cinq buts en 2023, "Kyks" est resté dans ses standards élevés et la frustration d'Antoine Griezmann, déçu en mars de ne pas avoir été désigné comme successeur de Lloris, est aujourd'hui de l'histoire ancienne. Sur ce dossier, comme sur tant d'autres, Deschamps a su manoeuvrer avec habileté.  

Si la durée de son nouveau bail (quatre ans), négocié avec l'ancien président de la FFF Noël le Graët juste avant sa disgrâce, avait fait tiquer à l'époque au sein de la Fédération française, le débat semble clos... même s'il pourrait resurgir en cas de contre-performance à l'Euro. Bardé d'un très riche palmarès avec l'équipe de France depuis 2012 (Mondial-2018, Ligue des nations 2021, finales du Mondial-2022 et de l'Euro-2016), l'ex-capitaine des champions du monde (1998) et d'Europe (2000) n'a de toutes façons pas de rival sérieux à sa mesure, à l'exception de Zinédine Zidane. 

Jamais rassasié, le boss des Bleus est déjà tourné vers le Championnat d'Europe et a les yeux rivés vers le tirage au sort du 2 décembre à Hambourg. A ce titre, pas question de galvauder les deux rencontres restantes des qualifications, la réception de Gibraltar (18 novembre à Nice) et le déplacement en Grèce (21 novembre), le rang de tête de série étant attribué aux cinq meilleurs premiers des 10 groupes, aux côtés de l'Allemagne, le pays-hôte.

"Cela ne suffit pas d'être premier, les joueurs le savent depuis un moment, il faudra plus de 18 points. Il ne s'agit pas de négliger ces deux matches... Il ne faut pas lâcher, rester avec ces exigences qui sont élevées", a-t-il souligné vendredi, cette fameuse "culture de la gagne" toujours chevillée au corps.